L’oeil – Anya Belyat Giunta

Si le dessin se matérialise encore, pour beaucoup, dans le couple papier-crayon, les artistes actuels ouvrent de nouvelles perspectives au genre, en explorant les possibilités offertes par les nouvelles technologies, en se confrontant au quotidien, à la nature ou au corps. Revue des tendances.

Par Amélie Adamo

Anya Belyat Giunta, The Book of Hair, 2017, impression numérique, édité par la Galerie LE1111 Céline Moine, imprimé par Tchikebe, 31 x 41 cm.
Anya Belyat Giunta, The Book of Hair, 2017, impression numérique, édité par la Galerie LE1111 Céline Moine, imprimé par Tchikebe, 31 x 41 cm.

Le dessin actuel, dont la présence s’impose au sein de salons spécialisés et d’expositions dédiées, est enfin perçu comme un mode d’expression privilégié. Pour Philippe Piguet, directeur artistique de Drawing Now, salon spécialisé dans le dessin contemporain :
« Première expression de l’homme le dessin est primordial, il a toujours été. Ce qui a changé, c’est sa réception le regard qu’on lui porte et l’accroissement de sa visibilité. Il s’agit d’un effet d’époque, une question de fond qui remonte à la surface et qui a trouvé sa place à côté du reste. »

Selon le spécialiste de dessin, ce phénomène est lié aux divers changements survenus depuis une quarantaine d’années : la multiplication des lieux d’exposition, la démocratisation de l’art vivant, le regard plus attentif porté au dessin par les institutions, la demande accrue du public et des collectionneurs et l’historicisation des avant-gardes, comme le Land art et l’art conceptuel qui ont accordé une attention particulière aux traces du processus créatif.

Conséquence de la « fin des idéologies », renversement postmoderne des diktats progressistes, la fin des années 1970 marque « l’histoire de tous les possibles » : l’artiste récupère, mélange et, en héritier des expérimentations qui ont marqué le XXe siècle, ouvre le genre du dessin.

Car, bien au-delà du binôme papier-crayon, le dessin actuel se confrontent aux nouvelles technologies, au quotidien, à la nature et au corps.

Bien sûr, on peut se demander si, dans cet effet d’époque, qu’il n’y a pas aussi parfois cet effet de… mode. Et si, dans cette prolifération des démarches, la qualité et l’authenticité sont toujours au rendez-vous. Mais on ne peut que saluer la nécessité de ces expositions et de ses initiatives qui confère au dessin une place privilégiée.

Et réjouissons-nous de cette libération du genre, ouvert à tous les « possibles » et dans la diversité sera peut-être un jour représentée, en France, dans un futur grand musée spécialement consacré au genre.

Article L'Oeil par Amélie Adamo
Article L’Oeil par Amélie Adamo