Carte Blanche #11 - FERRANTE FERRANTI / PIRANÈSE
Pour sa Carte blanche, Ferrante Ferranti a sélectionné, pour LE 1111, plusieurs photographies en noir et blanc faisant échos à des gravures précises de Piranèse choisies dans la collection de Laurent Giros. Dans son jeu subtil de résonances, ce dialogue imaginaire a éveillé une poétique des ruines chère aux deux artistes.
C’est à 18 ans que Ferrante Ferranti rencontre Piranèse à travers un texte de Marguerite Yourcenar (Le cerveau noir de Piranèse). Il se dit habité depuis par l’immense graveur vénitien qui a su redonner de l’esprit aux ruines. Unique par son érudition, son obsession du détail, son invention, sa liberté, Piranèse « est le messager entre toute l’antiquité et son temps, qui est pour nous la Rome baroque. »
Une image ne naît pas seulement du hasard, elle cherche sa place, pour mieux trouver sa résonance. – FERRANTE FERRANTI
FERRANTE FERRANTI
Né en 1960 en Algérie, Maroc.
Architecte de formation, photographe, voyageur, très attaché au passé, Ferrante Ferranti a photographié les sites des plus anciennes civilisations, menant une réflexion sur la vie des bâtiments, sur la stratification des civilisations qui se succèdent dans les ruines.
Ses ouvrages (L’esprit des ruines, le Chêne, 2005 et L’imaginaire des ruines : hommage à Piranèse, Actes Sud, 2009), rappellent que les ruines ne sont pas de simples amas de pierres mais des lieux toujours habités. L’énergie des lieux y perdure pour qui sait s’y abandonner. Depuis plus de trente ans, Ferrante Ferranti sillonne le monde pour immortaliser les empreintes du sacré. Il a publié de nombreux ouvrages, dont plusieurs avec des textes de Dominique Fernandez, et son travail photographique a fait l’objet d’expositions dont ITINERRANCES, à la Maison Européenne de la photographie de Paris en 2013.
GIOVANNI BATTISTA PIRANESI, DIT PIRANÈSE
Né en 1720 à Mogliano Veneto (République de Venise). Mort en 1778 à Rome.
Graveur et architecte majeur du 18e siècle, Piranèse a joué un rôle déterminant dans le mouvement du retour à l’antique. Sa série des Prisons (Invenzioni di carceri), publiée en 1745, puis rééditée dans une nouvelle version retravaillée et plus sombre en 1761, est restée célèbre. Marguerite Yourcenar la décrit comme un « monde factice, et pourtant sinistrement réel, claustrophobique, et pourtant mégalomane (qui) n’est pas sans nous rappeler celui où l’humanité moderne s’enferme chaque jour davantage… ».
Piranèse a eut une grande influence sur les artistes français de son époque et son imaginaire débridé, au seuil du fantastique, a inspiré bien des artistes au cours des siècles suivants, parmi lesquels De Quincey, Hugo, Borges ou Gautier.