Tribune de Lyon – Laissez parler les petits papiers

Article de Caroline Sicard pour la Tribune de Lyon.

Céline Moine et Laurent Giros pour l'exposition Odilon Redon, Susie Waroude
Céline Moine et Laurent Giros pour l’exposition Odilon Redon, Susie Waroude

Classe internationale. 

Avant de poser leurs valises à Lyon, Laurent Giros et Céline Moine, duo à la ville et au travail, ont pas mal bourlingué. Lui, expert en œuvres d’art sur papier pour la prestigieuse maison de ventes aux enchères Christie’s, a travaillé à New York et Londres : « Je devais faire un stage pendant trois mois, ils m’ont gardé dix ans ». Elle, historienne de l’art de formation, a monté des expositions nomades pour présenter de jeunes artistes un peu partout dans le monde. À Lyon bien sûr, mais aussi à Miami, Dehli, Istanbul ou New York.

Lyon la bouillonnante.   

Pourquoi s’installer à Lyon après avoir connu l’énergie et les opportunités de villes internationales ? « Pour des raisons de racines », explique Céline, Lyonnaise d’origine, mais aussi parce que Lyon est une ville bouillonnante de projets qui ne demandent qu’à émerger. «Beaucoup de galeries partent ailleurs sous prétexte que ça ne marche pas ici. Mais ça ne sert à rien d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, il faut faire évoluer le modèle des galeries.»   

C’est ainsi que le couple, très attentif aux chiffres, a fixé la galerie Céline Moine il y a deux ans au 1111, un petit local des plus intimes situé au 1er étage du 11 rue de Chavanne dans le 1er.   

Collection.   

Devenu collectionneur, Laurent est aujourd’hui l’heureux propriétaire de plus de 600 œuvres papier, parmi lesquelles on trouve des pièces allant de Dürer et Rembrandt à des artistes contemporains. Petite particularité, elle est presque exclusivement composée de gravures et de lithographies. « Ce sont des œuvres originales, même si elles sont multipliées. Matisse par exemple travaillait main dans la main avec les artisans avant de signer les gravures », explique le collectionneur, qui avoue avoir toujours un pincement au cœur quand il vend une pièce de sa collection.   

Carte Blanche.  

« Avant de rencontrer Céline, je ne connaissais aucun artiste vivant ! » Passionnés et complices, les deux galeristes ont décidé de tirer avantage de leur complémentarité en décloisonnant les époques. Ils proposent ainsi des cartes blanches à des artistes contemporains qui sont invités à choisir une œuvre de la collection de Laurent, entrant en résonance avec leur travail. Libre à eux ensuite de concevoir de nouvelles créations spécialement pour l’exposition.   

Broderie.   

« Au fil du temps, on s’est rendu compte qu’on aimait les artistes qui travaillent sur la matière et l’artisanat, et qui détournent un savoir-faire ». C’est ainsi que le duo a eu un véritable coup de cœur il y a trois mois pour le travail de Liliana Gassiot, qu’ils ont aussitôt décidé d’exposer. Cette Roumaine installée en Suisse photographie des sous-bois avant de se livrer à un étonnant travail de broderie à même le tirage : des fils noirs ou blancs épousent les arbres et ruisseaux pour créer de nouveaux paysages oniriques. Un travail minutieux que l’artiste expose sans surprise en regard d’une gravure d’Odilon Redon, maître du rêve. 

Liliana Gassiot – Odilon Redon, jusqu’au vendredi 27 juin au 1111, Lyon 1er. 

Du mercredi au samedi, de 15 h à 19 h. 

Entrée libre. celinemoine.com  article de la Tribune de Lyon. — à LE 1111.

Article La Tribune de Lyon, Gassiot-Redon
Article La Tribune de Lyon, exposition Liliana Gassiot-Odilon Redon